DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE SEM ANDRY RAJOELINA  À L’OCCASION DE LA VIème CONFERENCE DE RECONSTITUTION DES RESSOURCES DU FONDS MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE VIH, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME

LYON, OCTOBRE 2019

Mesdames et Messieurs les chefs d’Etats et de gouvernements,

Monsieur le Président du Fonds Mondial Mesdames et Messieurs les chefs de délégations et représentants d’institutions,

Honorables invités,

chers participants,

 

C’est une grande fierté pour moi de participer pour la première fois à cette conférence de reconstitution du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui en est à sa 6ème édition. Pour Madagascar comme pour de nombreux pays victimes de ces maladies, le Fonds Mondial apporte un soutien constant et infaillible. Aujourd’hui, à notre tour de mobiliser les outils et les ressources indispensables à la bonne conduite de la mission portée par le fonds.

Les populations africaines demeurent de loin les premières victimes du SIDA, du paludisme et des maladies infectieuses. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 92% des cas de paludisme se trouvent en Afrique et deux tiers des nouvelles infections du virus du SIDA surviennent sur notre continent. L’insuffisance des infrastructures routières et hospitalières, l’accès limité aux ressources primaires telles que l’eau et l’énergie mais aussi les réticences culturelles et l’absence de sensibilisation aux bienfaits de la vaccination sont autant de facteurs qui expliquent cette situation dramatique.

Comme ses frères africains, Madagascar n’est pas épargné par ces fléaux. Le pays manque cruellement d’infrastructures médicales et celles qui existent sont très vétustes. Avec seulement 2 lits d'hôpitaux pour 10.000 habitants, les malades doivent parcourir de longues distances pour atteindre un centre de santé. Par ailleurs, nous comptons 1 428 médecins sur l'île soit 8,6 médecins pour 100'000 habitants en zone urbaine et 1 médecin pour 35'000 habitants en zone rurale.

Depuis le début de mon mandat en tant que Président de la République en janvier 2019, j’ai fait de la santé un chantier prioritaire. La vie de chaque citoyen est sacrée. En tant que chef d’Etat, il est de notre devoir à tous de protéger, de soigner, d’apporter des soins décents et de sauver les vies de nos compatriotes.

Nous sommes tous conscients qu’aucun développement durable et inclusif n’est possible sans un système de santé efficace et accessible à tous. Pour cela, l’Etat Malagasy a pris des engagements forts et novateurs pour faire de la santé pour tous une réalité.

  • Sur le plan financier, d’ici 2023, l’Etat augmentera de façon conséquente le budget de la Santé. Cette augmentation du budget consacré à la santé permettra à toute la population Malagasy de bénéficier des soins de santé de qualité. De ce fait, les chefs-lieux de chaque région et district vont être dotés d’hôpitaux aux normes internationales dans l’optique d’offrir des soins de bonne qualité à tous les malades.
  • Nous allons également rendre accessibles à toute la population Malagasy les soins préventifs, dont la vaccination de tous les enfants. Notre objectif est de se rapprocher des communes par la construction de Centres de santé de base. Nous déploierons des unités mobiles avec des camions médicalisés pour atteindre les zones reculées et enclavées. La vaccination est une condition primordiale à l’élimination des maladies épidémiques. C’est pour cette raison que je me suis personnellement engagé dans une campagne nationale aux côtés des partenaires pour sensibiliser les familles à cette bonne pratique.
  • En collaboration avec nos partenaires, nous améliorons les stratégies nationales de lutte contre les maladies transmissibles, dont celle de l’infection du VIH, la tuberculose et le paludisme.
  • Concernant la tuberculose, nous orientons notre stratégie nationale vers le dépistage de tous les sujets atteints de cette maladie mais également par la mise en place d’appareil de diagnostic fiable dans tous les hôpitaux de district de l’Ile. Car jusqu’à maintenant, seulement 60% des tuberculeux sont diagnostiqués et traités.
  • En ce qui concerne le paludisme, 10% des enfants Malagasy sont affectés. Pour rendre possible son élimination, nous sommes en train de concevoir une stratégie de dépistage progressif de masse afin d’identifier et de traiter les porteurs sains des parasites. Car ce sont eux qui entretiennent sa transmission.
  • Le traitement de l’hépatite C est un enjeu de santé publique. En effet, cette maladie perturbe le système de santé en touchant la population active. Nous nous engageons à mener un dépistage national afin de traiter les personnes affectées.
  • Par ailleurs, la malnutrition favorise la propagation des épidémies. Selon le rapport de l’Office National de Nutrition à Madagascar, 42% des enfants Malagasy de 0 à 5 ans sont en retard de croissance en raison de ce fléau. Ma première action en tant que Président a été de réunir les partenaires internationaux dans la région du Sud, affectée par la famine, afin de trouver des solutions durables. Une prochaine réunion se tiendra au mois de décembre Nous améliorons la disponibilité et l’accès à la consommation d’aliments nutritifs variés en produisant localement tout ce dont les Malagasy ont besoin. Pour ce faire, des usines seront implantées du Nord au Sud du pays pour la transformation de Moringa et de la Spiruline. Ces compléments alimentaires riches en protéines, en fer, en oligo-éléments et en vitamines ont des vertus thérapeutiques. Ils seront ensuite distribués dans les écoles pour favoriser le développement physique et intellectuel des élèves.
  • De plus, nous devons porter notre attention sur la santé de la Mère et de l’Enfant. Actuellement, 3 enfants sur 10, nés d’une mère séropositive sont infectés par le VIH. L’amélioration du traitement mère/enfant et la sensibilisation

Mesdames, Messieurs, Notre présence en grand nombre en ce lieu est un signe d’espoir et une marque de solidarité pour les peuples les plus Défavorisés. Cette solidarité que nous montrons aux yeux du monde, est un bel exemple de Leadership. Je tenais à participer à ce grand moment de rassemblement car nous partageons la même vision, le même combat, les mêmes objectifs : soulager le quotidien de nos peuples.

Je tiens à remercier le Président Emmanuel Macron de son implication et de nous avoir réunis aujourd’hui mais aussi vous tous ici présent qui contribuez à la réussite de ce projet. Car en effet depuis la création du Fonds Mondial en 2002, 32 millions de vies ont été́ sauvées, ce n’est pas rien, mais malheureusement pas suffisant. Des efforts doivent encore être déployés. Je suis confiant que grâce à cette conférence, des millions de vies seront une fois de plus sauvés grâce à notre mobilisation et à notre engagement commun. Je suis convaincu qu’ensemble, en nous donnant les moyens de nos ambitions, en unissant nos forces et notre détermination, nous pouvons vaincre les épidémies en Afrique et dans le monde et garantir l’accessibilité des soins pour tous. J’appelle nos partenaires français et internationaux à nous soutenir dans cette noble cause de la santé pour tous et à répondre à l’appel du Fonds Mondial pour doter chaque pays des ressources indispensables à notre combat.

Mesdames et Messieurs, Je vous remercie de votre aimable attention.

VIVE LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE DE TOUS LES PEUPLES, VIVE LA SOLIDARITÉ ET L’AMITIÉ ENTRE TOUTES LES NATIONS.

 

 

 

                                                                                                           Andry Rajoelina

                                                                                PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE MADAGASCAR