Grand favori à cette élection en menant au score avec un pourcentage de presque quatre points -39,19% contre 35,29%-, Andry Rajoelina a beaucoup à gagner en cas de victoire dès le premier tour. Mais beaucoup ne l’entendent pas de cette oreille, en commençant par son suiveur immédiat, son rival de 2009, Marc Ravalomanana.
En effet, vaincre avec une confortable avance, même au second tour, et à plus forte raison dès le premier tour, signifierait que les mouvements populaires de 2009 étaient parfaitement légitimes car attesterait de l’impopularité réelle de Marc Ravalomanana dans toute l’île, à part les hauts plateaux. Par conséquent, la communauté internationale avait tort de condamner ces soulèvements et de les qualifier de « putsch militaro-civil ».
Il est clair que Marc Ravalomanana n’a aucun intérêt à ce qu’une telle vérité éclate à la face du monde entier. D’où son actuel volte-face qui fait la une des journaux. 208 sur les 212 requêtes déposées les staffs des candidats auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) émanaient de son camp. Il les a toutes fait retirer hier. Lui qui claironnait à qui voulait l’entendre les lendemains du jour du scrutin qu’il avait gagné dès le premier tour. D’où vient cette subite rétrogradation en marche arrière ?
La communauté internationale, ou du moins ses représentants d’alors, risquerait de perdre la face, ce qu’elle aimerait évidemment éviter autant que possible. D’où sa tiédeur manifeste devant cette situation plus qu’embarrassante du fait que sa bête noire d’antan pourrait fort bien avoir été plébiscitée par une large majorité des électeurs le 7 novembre dernier. Et la HCC dans tout ceci ? Selon l’adage consacré, « izy no tompon’ny lakile », autrement dit la clé est entre ses mains. Ou, si on préfère, la vérité.
Encore faudrait-il que ses illustres membres daignent enfin travailler en toute âme et conscience, ce qui est loin d’être une évidence si on s’en tient à leurs décisions sujettes à polémique durant ce premier mandat de la 4ème République.
On dit cependant que seuls les imbéciles ne changent jamais d’avis. Donc chacun peut à tout moment changer de comportement. Gageons que tel sera le cas, d’autant que cette institution nous promet cette fois-ci des résultats propres et justes.
Bernard S.